du 24 au 30 MARS 2014 (une semaine seulement)
à la boutique/galerie AUTOUR DES FORMES 42 RUE DU RUISSEAU PARIS 18.
du 24 au 30 MARS 2014 (une semaine seulement)
à la boutique/galerie AUTOUR DES FORMES 42 RUE DU RUISSEAU PARIS 18.
La vanité est un regard. Mais quel regard ? C’est la question que fait naître la nouvelle exposition de Fabien Ansault étrange et fascinante comme les œuvres que nous y rencontrons. La déambulation parmi les peintures et les sculptures ajoute peu à peu à la curiosité et à la rêverie un trouble puis un amusement. Quelque chose d’autre se donne à voir dans ces “Vanités” contemporaines qui ne paraît pas dans celles peintes au XVIIe siècle. Ce subtil décalage doit être aperçu. Voyons ce jeu qui bouge les lignes d’un thème plus que classique.
E.Kromicheff (extrait)
(…) Le même artifice se glisse dans la ”Vanités au cinq sens” et permet à la vie de transparaître dans la mort. Le reflet de soi dément une représentation picturale qui tente de nous persuader que s’en est déjà fini. Saine démystification d‘un genre austère qui prétend nous en imposer. Il n’y a plus de ténèbres dans l’au-delà, ni le diable, ni le feu, ni Dieu. Charron n’est plus un passeur d’ombre qui exige tribut. Parce qu’elles nous la montrent comme de biais et dans un miroir, les vanités de Fabien Ansault se jouent de la mort.
Toujours un élément subvertit le sérieux funèbre sinon un titre comme “le calendrier de l’Après” ou la “Vanité aux bijoux de famille”.
Une fois les oripeaux de la chair tombés apparaît non pas l’homme en sa nudité d’os mais un autre homme en tenue de spectre. Non point le résidant d’un séjour éternel mais le noceur en route pour quelque bal masqué. La mort délurée n’est plus une menace mais une promesse. Avec un faux air de rien le travail de Fabien Ansault opère le grand exorcisme. La pâle faucheuse a remisé sa lame, la pacotille qu’elle exhibe dit encore la frivolité de nos désirs mais sur fond de fête foraine.
Le crâne grimaçant se fend d’un sourire et la ribambelle des morts danse la java. Les vanités contemporaines s’allument alors d’une flamme carnavalesque. Là même où le sombre XVII e siècle voue un culte absolu au noir, on admire l’art des reflets et du miroitement qui anime “la vanité au cristal ” ou « le trouble du bouchon de carafe”. La mort se pare d’un suaire à paillettes et se fait gourgandine.
(…) Si le regard est toujours le principe de la Vanité. Il faut en relever le déplacement : de la mort regardée comme effroi au regard joyeux des morts sur les vivants. Regard fraternel, clin d’œil plus qu’humain de la grande faucheuse devenu entremetteuse des nourritures terrestres. Oui, décidément les vanités nous donnent une leçon mais ce n’est pas celle que nous attendions. Elles ne sont plus là pour faire entendre une leçon d’humilité mais pour offrir un trésor de vies possibles. “Meilleur est le vin d’ici que l’eau-delà” clame un ultime tableau en guise de viatique pour le dernier voyage. Et nous voici garnement heureux d’une école buissonnière loin du chemin du Paradis et des routes de l’Enfer.
Un radical et vivifiant renversement est à l’œuvre. « Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face » écrit La Rochefoucauld, Mais, Si ! disent sans vergogne les vanités rieuses de Fabien Ansault. Maniant le détournement et le pastiche, incluant la photographie et le collage dans son travail, l’artiste n’installe pas à l’imitation des anciens la mort dans la vie, mais bien la vie dans la mort. Ainsi, il réalise d’une manière originale la subversion d’un genre classique et presque immuable. L’exposition se doit d’être vue comme l’on contemple le tableau d’Holbein: les Ambassadeurs. Au premier plan, une forme évoquant un os de seiche se révèle, d’un point de vue oblique et en s’en éloignant, être un crâne humain. Les œuvres de Fabien Ansault relèvent, elles aussi, d’une anamorphose pourrait-on dire spirituelle, à la fois méditative et drôle, car le regard oblique de l’esprit aperçoit, quelle surprise, dans les crânes et les figures de la mort, le sourire de la vie. L’artiste exhume ainsi la part d’ombre et de mort qui est en l’homme de chair pour mieux lui révéler sa part de lumière.
LA SÉRIE DES VANITÉS EST TOUJOURS EN COURS ET DE NOMBREUSES AUTRES ŒUVRES SONT VISIBLES LORS DES EXPOSITIONS OU À L’ATELIER.
VISITES DE L’ATELIER SUR RENDEZ-VOUS AU (00 33) 3 80 93 21 61
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